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Le Syndrome de Joubert

Description du syndrome

 Il s'agit d'une affection d'origine génétique touchant le cervelet et le tronc cérébral, 2 organes situés à la base du cerveau. La maladie se caractérise chez le nourrisson, par l'existence d'une hypotonie (enfant trop mou), de troubles du rythme respiratoire et de mouvements anormaux des yeux. Chez l'enfant plus grand, les manifestations sont un trouble de l'équilibre et de la coordination des mouvements, des troubles de l'oculomotricité (mouvements des yeux) ainsi que des difficultés d'apprentissage d'intensité variable.

 

D'autres manifestations sont plus rares, comme : 

 

- manifestations oculaires,

- manifestations rénales,

- manifestations hépatiques...  


On estime que cette affection touche environ un enfant sur 100 000.
L'évolution est très variable d'un enfant atteint à l'autre. Les manifestations les plus gênantes sont les troubles de l'équilibre à l'origine de difficultés de la marche, les troubles oculomoteurs et les difficultés d'apprentissage.  Cependant, ces manifestations peuvent être d'intensité très variables suivant les enfants.  
Il n'y a pas actuellement de traitement permettant de guérir ce syndrome. Cependant de nombreuses mesures dites symptomatiques peuvent apporter une amélioration en traitant séparément ces manifestations.  Exemple : mesures rééducatives comme la kinésithérapie, la psychomotricité, l'ergothérapie, l'orthoptie, l'orthophonie,...  

 

* Source : Site Orphanet (cliquez pour voir)
 

Mise en garde à la lecture de ce texte. La liste des signes et atteintes décrites ci-dessous peut paraître longue et inquiétante. Attention, les manifestations de la maladie sont très variables d’un enfant à l’autre et aucun enfant n’a la totalité des atteintes.

Quels sont les signes révélateurs chez le nouveau-né et dans les premiers mois après la naissance ?

  • hypotonie chez le tout petit

  • ataxie quand l’enfant commence à tenir assis puis debout

  • développement moteur retardé

  • mouvements oculaires anormaux : nystagmus et apraxie oculomotrice

  • mouvements anormaux de la tête

Certains nouveaux-nés présentent une respiration irrégulière alternant des pauses respiratoires (apnées) et une accélération du rythme respiratoire. Ces anomalies respiratoires sont transitoires  et disparaissent avec l’âge.

Le diagnostic repose sur ces signes cliniques (hypotonie, ataxie, retard du développement et apraxie oculomotrice) associés à la présence, sur les images d'imagerie par résonance magnétique (IRM), du « signe de la molaire» provenant de l'hypodysplasie du vermis cérébelleux et de la malformation du tronc cérébral.

Développement psychomoteur :

  • L’hypotonie est présente à la naissance et peut entraîner un décalage dans le développement psychomoteur (la tenue de tête, la tenue assise, la marche..).

  • L’hypotonie se retrouve au niveau bucco-faciale avec des troubles des praxies bucco-faciales pouvant avoir des répercussions sur la déglutition et la prononciation.

  • Il peut exister une voie scandée (dysarthrie).

  • Au début, il existe des troubles des mouvements oculaires (apraxie oculomotrice) et des troubles de l’équilibre (ataxie).  

  • Les difficultés motrices (y compris l’apraxie oculomotrice) diminuent avec l’âge, l’enfant intégrant cette motricité particulière dans son fonctionnement et s’y adaptant.

 

Développement langagier :

  • Des enfants peuvent présenter un retard de langage et de parole.  Chez certains enfants, la communication verbale est très difficile voire impossible. Il est alors proposé des moyens de communications dites alternatives comme par exemple le makaton.

  • La mise en place du langage écrit peut être affectée par les troubles oculomoteurs qui nécessitent une prise en charge en orthoptie.

 

Développement cognitif :

  • Le niveau intellectuel est variable et s’étend de la déficience intellectuelle à une intelligence normale. Les difficultés cognitives les plus souvent retrouvées sont des troubles visuo-spatiaux et constructifs, des troubles logico-mathématiques, de compréhension morphosyntaxique et pragmatique du langage.

  • La lenteur et la fatigabilité font partie du tableau cognitif. Les difficultés attentionnelles sont alors secondaires.

 

 Développement affectif :

  • Des difficultés de régulation des émotions peuvent être présentes et nécessitent une compréhension de l’entourage et un accompagnement pour apprendre à se maîtriser.

  • Il existe parfois des troubles des habiletés sociales en lien avec des troubles de la reconnaissance des affects.  

 

 

Signes pouvant être associés dans le syndrome de Joubert :

 

Atteintes ophtalmologiques :

  • Atteinte rétinienne :

  • Dystrophie rétinienne type Leber (malvoyance précoce)

  • Rétinopathie progressive

  • Colobome : absence de tissu normal sur une partie de l’iris ou de la rétine qui peut entrainer une malvoyance selon sa localisation

  • microphtalmie: globe oculaire de petite taille

  • paralysie des nerfs III ou VIe paires crâniennes (strabisme)

 

Atteintes rénales :

  • dysplasie kystique : Gros reins avec des cavités remplies de liquide (kystes) à l’échographie (présents avant la naissance ou apparaissant plus tard), fonction rénale peut être normale

  • néphronophtise : maladie rénale survenant plus tardivement. La fonction rénale est normale puis se dégrade. Elle débute par une anomalie de concentration des urines (que l’on voit en mesurant l’osmolarité dans le sang et les urines), qui se traduit par un syndrome polyuro-polydypsique, une cassure de la courbe de croissance. Elle évolue vers l’insuffisance rénale.

 

Atteintes du foie (rares) :

  • « Fibrose hépatique» se traduisant souvent par des anomalies biologiques isolées (prise de sang), pouvant être stables dans le temps, et pouvant nécessiter un traitement médicamenteux (acide ursodésoxycholique) ;

  • très exceptionnels cas de cirrhose hépatique

 

Autres manifestations :

  • Croissance et puberté normales (sauf cas exceptionnel d’anomalie endocrinienne associée ou maladie rénale)

  • Hamartomes linguaux

  • Freins gingivaux 

  • Polydactylie (doigt surnuméraire)

 

En fonction des signes associés, un enfant peut être diagnostiqué avec un syndrome portant un autre nom que le syndrome de Joubert (syndrome COACH, Arima,...que l’on regroupe sous le nom de syndromes cérébello-oculo-rénaux) mais ces termes sont de moins en moins utilisés, au profit de la description des signes associés (syndrome de Joubert isolé, syndrome de Joubert avec atteinte rénale, etc).

            Texte s’appuyant sur des présentations de E. Lacaze, L. Burglen, et de la fiche orphanet

Une transmission génétique

Le syndrome de Joubert est une ciliopathie. Actuellement, il y a  plus de 30 gènes connus impliqués qui codent pour des protéines participant à la fabrication ou au fonctionnement du cil primitif des cellules.

 

Des gènes connus? alors le syndrome de Joubert peut être transmis génétiquement ?

Comment ? Le syndrome de Joubert est en effet une maladie génétique. Le mode de transmission le plus fréquent est « autosomique   récessif ». Les enfants sont atteints du syndrome lorsqu’ils reçoivent en même temps le gène « malade » (c’est à dire muté ou altéré) de leur père et de leur mère. Les parents sont porteurs d’une copie « mutée » du gène et d’une copie normale (on dit « hétérozygote »), ce qui explique qu’ils ne sont pas atteints du syndrome. Pour ces couples, le risque d’avoir un enfant atteint est de 25% à chaque grossesse (25%=risque que l’enfant à naître ait reçu La copie mutée de chaque parent).

Dans de très rares familles, le gène en cause est porté par le chromosome X (transmission « liée à l’X »). Dans ce cas seuls les garçons de ces familles peuvent être atteints et la transmission se fait par l’intermédiaire des mères.

Dans tous les cas une consultation de conseil génétique est souhaitable.

 

Diagnostic génétique

Le diagnostic génétique est long et compliqué même si les technologies évoluent et permettent d’aller plus vite, notamment par le séquençage haut débit de l’ADN aussi appelé NGS pour « next-generation sequencing », qui permet de séquencer tous les gènes les plus fréquents dans une même analyse.

Par ces approches, un diagnostic peut être établi dans 55% des cas. Dans 45% des cas, le gène n’est pas identifié par les techniques courantes  de NGS et l’analyse fait appel à des techniques plus longues et plus complexes (analyse d’exome).

 

 

 

Texte s’appuyant sur des présentations de L. Burglen, F. Cazalis.

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